L’ostéopathie se vit et se partage au-delà des mesures scientifiques
14 décembre 2024
Je suis ostéopathe.
Comme tout ostéopathe curieux et désireux d’apprendre, je me forme régulièrement chaque année.
Le thème de ma dernière formation était « La prise en charge centrée sur la personne, au-delà du modèle bio-psycho-social (BPS) ».
Elle était délivrée par un formateur ostéopathe et pour les ostéopathes.
L’évolution naturelle de ma pratique m’a amené à me questionner sur les versants psychologique et social d’une prise en charge. En effet, dès qu’on s’intéresse à la vie des gens, on s’aperçoit rapidement qu’une douleur au dos arrive rarement « toute seule » ou encore que le « faux mouvement » n’existe pas (il est toujours a rattacher à un contexte particulier).
J’arrive sur le lieu de formation. Le cadre est super. L’accueil est soigné. On échange quelques mots avec les participants autour d’un café et d’une brioche. Jusqu’ici tout va bien.
Je ne savais pas encore que j’allais être déçu.
Déçu par ce que certains de mes confrères osent appeler ostéopathie.
Déçu par le manque de considération pour la philosophie et l’histoire de l’ostéopathie.
Déçu par le fait qu’on puisse se dire ostéopathe en ayant une pratique qui ne laisse pas la place aux ressentis ni à l’intuition (parce que les études disent que c’est biaisé)
Déçu par le manque de confiance de mes collègues, tout d’abord en eux et par conséquence en l’ostéopathie.
Déçu par le contenu d’une formation qui reste focalisé sur la douleur alors que l’ostéopathie prône la globalité et le mouvement avant tout.
Évidemment que la douleur guide le déroulé d’une consultation d’ostéopathie. Elle est cependant loin d’en être le centre.
En m’inscrivant à cette formation, j’ai fait un pas vers un domaine de l’ostéopathie avec lequel je ne suis pas à l’aise. Il s’agit de l’abord « Evidence Based Practice » (EBP), un abord que l’on peut qualifier de scientifique. Je ne suis pas à l’aise lorsque l’engagement de l’ostéopathe dans ce domaine est extrême. Ces « ostéopathes » ne proposent plus que des prises en charges basées sur les résultats des dernières études scientifiques et ne font que très peu de thérapie manuelle. À ce niveau là, de mon point de vue, l’EBP dénature et cloisonne l’ostéopathie ainsi que son champ d’application.
D’une certaine façon, je comprends que certains de mes confrères s’orientent dans cette voie.
Je comprends qu’ils soient perdus et dans le flou face aux différentes approches de l’ostéopathie. Je les comprend quand ils disent qu’ils n’ont plus confiance en l’ostéopathie. Je comprends que, par manque de confiance en eux, ils se réfugient dans la science, ses résultats d’études et ses guides de bonne pratique. Et je comprends qu’il soit plus facile d’adhérer à l’autorité scientifique plutôt que de travailler ses ressentis et ses propres inconforts.
Mais en faisant cela, ils se privent de tout un pan magnifique de l’ostéopathie.
Bien que je ne sois pas un exemple de confiance en soi, j’estime mettre suffisamment de coeur et d’amour dans ce que je fais pour que ça fonctionne. Et c’est le cas. J’utilise l’EBP pour orienter mes patients vers d’autres professionnels de santé mais je ne base pas ma pratique là-dessus. L’ostéopathie n’est pas là. Elle est bien plus que ça. L’ostéopathie se joue dans l’espace d’une rencontre, d’un échange, d’un accompagnement par le mouvement, le toucher et les ressentis.
Je me fous que les études scientifiques pensent que l’ostéopathie n’est pas plus efficace qu’un placébo sur les lombalgies.
L’ostéopathie se vit et se partage au-delà des mesures scientifiques 💚
Ce que les patients pensent de mon travail 🙏🏻
Ⓒ 2025 - Tous droits réservés
